mardi 05 avril 2022
Les violences conjugales dans les couples LGBT+ sont complètement absentes des discours médiatico-politiques alors qu’elles sont une réalité. Pour travailler le sujet, FLAG! a recruté Emeric FRIEDMANN afin de réaliser une thèse.
Dans le cadre d’un contrat CIFRE et avec le soutien de la Délégation Interministérielle de Lutte contre le Racisme, l’Antisémitismes et la Haine anti-LGBT+ (DILCRAH), Emeric FRIEDMANN va pouvoir réaliser une thèse dont le sujet est « Intimes violences : Agresseurs, victimes et souffrances entre partenaires gays. »
Emeric, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Emeric Friedmann, j'ai 30 ans et je suis Doctorant en sciences sociales rattaché au Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (LinCS) de l’Université de Strasbourg, récemment recruté par l’association FLAG ! pour mener ensemble un projet de lutte contre les violences dans les couples LGBT+
Qu’est ce qui t’a amené à travailler sur ce sujet ?
Mon cursus universitaire. Je suis titulaire d’un Master en sciences sociales spécialisé dans le conflit, la criminologie et la médiation. Dans le cadre de ce diplôme, on a eu des cours, des colloques, des enquêtes et des interventions professionnelles autour des violences conjugales. Mon premier constat a été que le problème est traité dans un monde hétéronormatif, laissant de côté d’autres formes de conjugalités. J’ai donc commencé à interroger diverses associations LGBT+ pour savoir s’ils ont déjà été confrontés au phénomène. C’est ainsi que le premier contact avec FLAG! a été établi, et que j’ai eu confirmation de l’existence du phénomène. J’ai pu ainsi mener une première enquête pour faire une sorte d’état des lieux et j’ai très vite compris que tout restait encore à faire dans ce domaine, et que mon cursus universitaire pouvait être utile à cette cause.
D’après le titre de ta thèse, il semblerait que ton travail ne s'intéresse qu’aux couples d’hommes ? Pourquoi ne pas traiter de toutes les configurations de couples ?
Parce qu’il faut dissocier le travail écrit et théorique que représente une thèse et le travail associatif lié à cette recherche. Les problématiques que vont rencontrer les couples gays, lesbiens, transgenres, et autres configurations de couples ne vont pas reposer sur une seule et même problématique et vont faire intervenir divers apports théoriques. Or une thèse repose sur une problématique, qu’il va falloir argumenter pour défendre le travail mené par le doctorant. Il faudrait à mon sens autant de thèses que de configuration de couple pour bien comprendre les réalités qui composent le quotidien de toutes les personnes faisant partie de la communauté LGBT+. C’est donc dans un souci de temps et d’apport théorique que l’écrit se concentre uniquement sur les couples d’hommes. Par contre le travail avec l’association vise à mettre au jour toutes ces réalités pour que plus aucune victime ne se sente illégitime à dire stop à la violence et puisse entamer sereinement des démarches dans un cadre juridique bienveillant.
Peux-tu nous présenter plus en détail les objectifs de ta thèse ?
Il s’agit de comprendre le phénomène par le récit de victimes ayant été confrontées à de la violence au sein de leurs précédentes relations. Ces récits vont permettre l’esquisse d’une réalité de ce que sont les violences dans des formes de conjugalités plus complexes que les schémas hétéronormés, de par un passé et une intégration différente au monde, dans un univers qui ne se dit pas et où la solidarité ne semble pas opérer. L’extraction de cette substance sera une matière à analyser afin d’en comprendre les mécanismes et injecter ce savoir dans les outils institutionnels de lutte contre les violences conjugales.
Tu auras besoin de témoignages pour tes enquêtes. Que recherches-tu précisément et comment est-il possible de te joindre ?
Deux profils distincts sont ciblées pour les témoignages :
Les entretiens menés avec les victimes et les acteurs demeureront strictement anonymes, seront effectués sans aucun jugement, dans un cadre bienveillant et peuvent s’effectuer en plusieurs séances. Les victimes qui souhaitent prendre part à l’enquête peuvent établir un premier contact via mon adresse mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou par la messagerie privée de mon compte twitter @EmFrKr pour ensuite convenir ensemble d’un rendez-vous téléphonique ou en visio.