lundi 23 janvier 2023
Ce lundi 23 janvier 2023 à la Mairie du 19ème arrondissement de PARIS, Johan CAVIROT, Président de FLAG!, présentait ses voeux aux adhérents, partenaires de FLAG! ainsi qu'aux autorités des différents périmètres métiers.
Vous retrouverez ci dessous le discours (le prononcé peut avoir quelques variations).
Monsieur le Maire du 19ème
Monsieur l’adjoint à la Maire de Paris
Mesdames, Messieurs les élus du 19ème
Monsieur le Conseiller de la ministre déléguée auprès de la Première ministre, Madame Isabelle ROME
Monsieur le Conseiller spécial de la Secrétaire d'État auprès de la Première ministre, Madame Marlène SCHIAPPA
Mesdames, Messieurs les directeurs d’administrations
Monsieur le médiateur de la police nationale
Chers partenaires de FLAG!,Chers membres du conseil d’administration, bénévoles et adhérents de FLAG!Cher Collègues,
Vous toutes et tous en vos degrés et qualités.
A tous ici présents ainsi qu’à vos proches, j’adresse tous mes vœux de santé, de joie et de réussite pour l’année 2023. Que cette année vous apporte tous les petits plaisirs qui font les grands bonheurs que vous pouvez souhaiter.
Je voudrais pour commencer remercier monsieur le Maire, François Dagnaud, qui nous fait le plaisir de nous accueillir dans cette magnifique mairie du XIXe arrondissement de Paris et nous honore ce soir de sa présence.
Les vœux sont le premier rendez-vous de l’année de toute structure, y compris des associations. C’est un exercice obligé pour certains mais un plaisir pour moi de partager ce moment où peuvent être rassemblés, en présentiel ou en visio, tous ceux qui font de notre association un organisme vivant où les membres du Conseil d’administration, les bénévoles, les adhérents et les partenaires partagent les mêmes valeurs.
Puisque je viens de citer les bénévoles, je souhaite d’ailleurs adresser des remerciements appuyés et un grand bravo à tous les bénévoles de FLAG!. Sans vous, notre association n’existerait pas. Sans vous, notre association n’agirait pas. Vous êtes la force et le cœur battant de FLAG! partout où nos collègues et les victimes ont besoin de notre soutien.
Les vœux, c’est le moment où, en tant que Président, je commence à vous rendre compte de l’action associative de l’année passée, c’est aussi celui où je vous trace les premières grandes lignes de celle à venir. C’est le moment où je vous fais part des objectifs que le Conseil d’administration a validés, les enjeux qu’il souhaite relever, mais aussi les difficultés qu’il rencontre, les interrogations qu’il se pose, les motifs de satisfaction mais aussi parfois les raisons pour lesquelles il s’indigne.
L’année qui vient de s’écouler a été une année d’importance au niveau national pour FLAG!. Vous le savez, FLAG! a été fondée en 2001 par des policiers avec pour objectif de combattre les discriminations et soutenir les policiers victimes d’homophobie ou de transphobie. Depuis cette date, FLAG! s’est agrandie en s’ouvrant en 2002 aux gendarmes, puis en 2008 à l’ensemble des agents du ministère de l'intérieur, aux policiers municipaux et aux pompiers, plusieurs conventions ayant été signées pour ces derniers depuis quelques années et enfin en 2018, aux agents du ministère de la Justice.
De nombreux périmètres d’action ont donc été créés ces dernières années. Par ailleurs, FLAG! a élargi ses moyens d’action, en créant d’une part, le dispositif #SignalementFLAG! au travers d’une application mobile pour signaler et libérer la parole sur les actes LGBTphobes du quotidien, et d’autre part, le dispositif #EnLieuSûr pour accueillir les victimes de violences et cela que l’on soit en métropole ou dans les outre-mer. Ce développement des cibles et des missions a, par conséquent, nécessité que l’association réorganise son fonctionnement pour que tous les périmètres trouvent leur place et que les périmètres historiques montrent le chemin. S’est de plus ajouté à ce mouvement organisationnel interne, un redécoupage territorial de FLAG! pour mieux coller aux régions administratives et être ainsi plus présent localement aux côtés de nos collègues qui en ont besoin.
Ainsi, dans les régions, de nombreuses actions ont eu lieu. En voici quelques exemples :
- En Ile-de-France, avec le soutien de l’équipe parisienne de l’ENIPSE, nous avons lancé une grande campagne de communication dans les lieux LBGT+ de Paris.
- Dans les Hauts-de-France, notre délégué a fait une tournée complète des circonscriptions de sécurité publique pour sensibiliser les agents à la thématique LGBT+ pour plus d'efficacité dans la prise en compte des victimes et des auteurs.
- En Grand-Est, des premiers contacts ont été lancés au niveau de l’ensemble des directions déconcentrées du ministère de la Justice pour la mise en place d’une action de communication forte sur tout ce périmètre et qui aura lieu en avril prochain.
- En Nouvelle-Aquitaine, FLAG! est un partenaire reconnu de la DDSP Gironde avec qui elle va signer un partenariat, permettant d’améliorer encore la prise en compte des victimes de LGBTphobies au commissariat de Bordeaux.
- Dans les Antilles et en Guyane, une première formation assurée par FLAG! auprès des forces de sécurité a été organisée au printemps.
Toutes les régions ne sont pas citées, mais chacune et chacun sur son territoire a travaillé et consacré du temps à FLAG!
Permettez-moi à ce moment où je fais le tour des régions de faire une pause, pour rendre hommage à un ami, trop tôt disparu, Olivier Boisse. Olivier était le délégué de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et il nous a quittés le 10 août à l’âge de 43 ans. Très engagé au sein du mouvement associatif, dont FLAG! bien sûr, mais aussi Mobilisnoo, l’association LGBT+ du groupe Orange où il travaillait, Olivier était aussi réserviste de la gendarmerie nationale, secouriste auprès de l’UNASS. Il a fortement contribué à faire rayonner FLAG! dans sa région. Merci à Olivier pour tout ce qu’il a fait, nous ne l’oublierons pas.
Adhérents de FLAG!, vous trouverez la liste des délégués régionaux sur le nouveau serveur Discord qui vous sera accessible prochainement et en test depuis début janvier par les bénévoles.
Au niveau des périmètres, l’année qui vient de s’écouler a été riche. Quelques exemples :
- Le périmètre Police a finalisé la mallette destinée aux référents LGBT+ de la DCRFPN, prévus dans la cadre de la LOPMI.
- Au niveau de la Gendarmerie, FLAG! a été un des acteurs de la journée internationale contre l'homophobie le 17 mai 2022 au PJGN et au GGD95. La remise en place des ordres de mission facilitera grandement l’organisation des interventions au sein des écoles.
- Chez les pompiers, après une première présence au Congrès national et une première action de formation au SDIS13, FLAG! a été présent au premier séminaire égalité-diversité du 1er décembre à Lyon. Une réelle dynamique se met en route sur ce périmètre contre les discriminations.
- Pour le périmètre Police municipale, la doctrine police-gendarmerie de prise en charge des personnes transgenres a été déclinée à la PM de Paris.
- Dans la pénitentiaire, plusieurs formations à l’ENAP ou dans des centres pénitentiaires ont eu lieu.
- Pour les services judiciaires, une première convention #EnLieuSûr a été signée avec le parquet de Saint-Gaudens afin de populariser le dispositif sur ce territoire plutôt moins urbanisé que ceux pour lesquels on imagine le besoin de #EnLieuSûr
- Côté préfecture, FLAG! participe de plus en plus au CORAH à travers le territoire.
- A la PJJ, après un ciné-débat en juin, l’ENPJJ a organisé la première formation des référents égalité-diversité de la PJJ les 30 novembre et 1er décembre derniers.
- N’oublions pas non plus le secteur des relations internationales, cher au cœur de FLAG! qui est, je le rappelle, co-fondateur de l’EGPA, et qui a vu la conférence bi-annuelle se tenir en Grèce en juin dernier en présence du Conseil de l’Europe, du CEPOL, d’EUROPOL et de 18 pays membres de l’UE.
Puis un important partenariat a été signé avec le groupe Beaumanoir, un groupe familial français de distribution de prêt-à-porter et de logistique qui à terme nous permettra de disposer de 2400 sites #EnLieuSûr sur toute la France. Ce dispositif est un élément important des solutions que FLAG! met en place pour améliorer la prise en compte des victimes et lutter contre les discriminations, en complément de #SignalementFLAG et de notre application mobile. La presse s’est récemment fait l’écho du drame de Lucas, ce collégien de 13 ans, qui s’est donné la mort sur fond d’homophobie. Sensibiliser, former, déployer des dispositifs comme #SignalementFLAG et #EnLieuSûr, ce n’est pas faire du lobby LGBT, c’est faire en sorte que personne n’en vienne à se donner la mort parce qu’il est harcelé ou mis de côté, et surtout pas un jeune de 13 ans qui avait la vie devant lui.
En 2022, FLAG! a également initié une action de recherche autour des violences conjugales au sein des couples LGBT+. En effet, ce type de violences est complètement absent des discours médiatico-politiques, car le traitement de ce problème et les réponses qui lui sont apportées sont faits dans un monde hétéronormatif, laissant de côté d’autres formes de conjugalités. Or, elles sont une réalité. Aussi, pour travailler le sujet, FLAG! a recruté, avec le soutien de la DILCRAH et de l’ANRT, Emeric Friedmann afin de réaliser une thèse intitulée Intimes violences : Agresseurs, victimes et souffrances entre partenaires gays, qui sera la première sur ce thème en France. Au-delà de la thèse centré sur les couples d’homme, c’est bien l’ensemble des formes de couples qui seront traitées dans le cadre de son action à FLAG!. Je profite de cette occasion pour rappeler que pour poursuivre l’étude, et objectiver le phénomène sur le territoire français, Emeric a besoin de témoignages de victimes ou d’auteurs de violences, dans le cadre d’entretiens menés dans un cadre sécurisé qui garantit l’anonymat. Emeric a déjà produit un premier document, une analyse des études anglo-saxonnes sur les violences conjugales au sein des couples LGBT+ disponible sur notre site, où vous pouvez également le contacter si vous voulez participer à l’enquête ou connaissez des personnes susceptibles d’être intéressées.
Au rang des motifs de satisfaction de l’année écoulée, je veux citer la fin de l’exclusion systématique de la Police nationale des personnes vivant avec le VIH. En France, l’accès à de nombreux métiers d’agents de l’Etat est strictement réglementé par la loi et conditionné à la présentation de certaines aptitudes physiques et psychiques. C'est le cas, notamment des fonctions militaires (y compris la gendarmerie) mais aussi de la police nationale ou des sapeurs-pompiers. Le référentiel SIGYCOP, en total décalage avec les réalités scientifiques et médicales actuelles, empêchait jusqu’alors les personnes vivant avec le VIH d’intégrer la Police nationale. Pour faire cesser cette discrimination, un recours déposé par les associations MOUSSE, ADHEOS, Stop Homophobie, ELCS, Familles LGBT et FLAG! devant le Conseil d’Etat en décembre 2020, rejoint par AIDES en 2021. Depuis de longues années, nos associations et les personnes concernées dénoncent ce référentiel obsolète et discriminatoire, alors qu’aujourd’hui une personnes séropositive sous traitement a une charge virale indétectable et ne peut donc pas transmettre le virus. Elle n’est donc un danger ni pour elle, ni pour ses coéquipiers-ères. Le 9 décembre 2022, un arrêté l’a abrogé au sein de la police nationale.
Cet arrêté arrive en même temps que l’entrée en vigueur de la loi du 6 décembre 2021 relative aux restrictions d’accès à certaines professions en raison de l’état de santé. Désormais, toute mesure systématique et non individualisée visant à restreindre ou interdire l’accès d’une personne à un emploi ou une formation en raison de sa pathologie chronique est prohibée. FLAG! a ainsi pris toute sa place dans la lutte contre les sérophobies et continuera à militer pour arriver à 0 contamination et 0 discrimination en particulier dans la gendarmerie et chez les pompiers, qui n’ont toujours pas revus leurs textes dans ce domaine.
Aussi, en 2023, comme elle l’a fait les années précédentes, FLAG! réalisera des actions de sensibilisation et de prévention aux risques de transmission du sida et des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) à travers toute la France, sur tous les périmètres sur lesquels nous intervenons. Que soient remerciés ici nos mutuelles partenaires (Intériale, MGP, MMJ et Unéo) en mettant à disposition des agents des préservatifs internes et externes, des digues dentaires, de la documentation sur les nouveaux outils de prévention comme la PREP (prophylaxie pré-exposition).
En 2023, nous fêterons le 2e anniversaire de la convention que FLAG! a signé avec le ministère de la Justice. Toutefois, encore aujourd’hui, le travail avec certaines directions de ce ministère manque de fluidité et d’engagement. Plusieurs actions ont été ou vont être mises en place avec l’Administration pénitentiaire ou la Protection judiciaire de la Jeunesse en administration centrale comme en services déconcentrés, mais nous éprouvons des difficultés avec la direction des services judiciaires, en administration centrale ou sur le terrain. Toutes les directions du ministère doivent avoir le même niveau d’engagement, et ce d’autant plus que le ministère de la Justice annonce une campagne de recrutement d’une ampleur inédite dont les acteurs, que ce soient les services des ressources humaines, les jurys de concours ou les agents en charge de faire passer des entretiens, devront avoir été formés à la question des LGBTphobies
Il faudra également qu’en 2023, l’ensemble des administrations dans lesquelles FLAG! intervient continuent à se doter de dispositifs d’alerte contre les discriminations. En 2023, les hiérarchies ne doivent plus fermer les yeux quand un cas de discrimination ou de harcelement LGBTphobe leur est soumis. Des réussites dans ce domaine existent et elles doivent servir de modèles. Les dispositifs actuels, s’ils sont incomplets comme AlloDiscrim au ministère de la Justice, ou inexistants dans certains SDIS, ils doivent être mis en place et développés intégralement. Je ne doute en tout cas pas de la volonté dans ce domaine, des directeurs départementaux des SDIS comme de celle d’Eric Dupont-Moretti, ministre de la Justice et garde des Sceaux.
2023 c’est également l’année où l’actuel plan gouvernemental de lutte contre les LGBTphobies arrive à son terme, pour lequel il faudra aller au bilan des actions qui étaient attendues de la part du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice. Nous serons attentifs au fait que les réponses apportées ne s’arrêtent pas à des notes de service pour les mettre en place mais que concrètement sur le terrain, les réponses soient efficientes. Je pense en particulier aux référents LGBT+ dans les commissariats, où seuls 30% ont répondu à notre dernier testing. Je pense également au dispositif #SignalementFLAG qui n’est relayé par pratiquement aucun ministère, mis à part les douanes ou les ministères sociaux. Pour assurer son déploiement, FLAG! doit démarcher directement les collectivités locales une par une, et j’en profite pour remercier les élus de Paris, Bordeaux, Dijon, Montpellier, Marseille, Metz et de la Région Ile de France qui se sont engagés à nos côtés. Dans nos administrations, comme dans toutes les administrations en général, les référents égalité-diversité doivent tous être volontaires et non désignés d’office par la hiérarchie car il faut cocher la case. Tous ces acteurs du quotidien, de proximité se doivent d’être motivés par leur fonction pour s’y investir pleinement, car demain, ils devront recevoir l’écoute d’un collègue, d’une victime. Si cette première porte se ferme, peut-être qu’ils n’en pousseront aucune autre.
Le prochain plan gouvernemental auquel FLAG! compte bien apporter toute son expertise dans son domaine de compétence devra couvrir la population générale dans tous les territoires, en métropole et dans les outres-mer, sans oublier le monde du travail y compris dans nos ministères
Dans nos métiers, il y a encore des sujets sur la question LGBT+. Des collègues, des camarades, policiers, gendarmes, pompiers, magistrats, agents pénitentiaires, éducateurs, etc… subissent encore et toujours des mises à l’écart, des propos blessants, qui les impactent violemment, des discriminations par une hierarchie, improuvables car les mots clés ne sont jamais prononcés, et cela que l’on soit cisgenre ou transgenre, cadre, adjoint administratif, officier ou gendarme adjoint.
Dans nos métiers, la parole doit être libérée et libre afin que chacun puisse vivre sa vie de famille ou s’engager sur le plan associatif, sans se cacher et sans que le déroulement de sa carrière en soit affecté
La route vers l'égalité et le respect n’est pas dépourvue d’obstacle, mais je suis certain qu’avec la belle équipe de FLAG! accompagné par ses partenaires, et des hauts gradés bienveillants et motivés dans tous les périmètres d’action de l’association, nous arriverons à relever ce défi de faire reculer les LGBT+phobies au sein de nos administrations et plus largement dans la population générale avec l’aide complémentaire de tout le tissu associatif extrêmement mobilisé.
C’est cette route que je vous invite tous à parcourir avec FLAG! en 2023 !
Merci à tous de votre présence et encore une fois, meilleurs voeux.