jeudi 18 août 2022
Toutes recherches en sciences sociales débutent par une lecture quasi exhaustive des travaux effectuées en amont de la recherche en cours. La violence conjugale dans les couples de même sexe regroupe près de 200 articles scientifiques issues majoritairement de revues anglo-saxonnes...
Les premiers articles datent de la fin des années 1980 et se sont principalement intéressés au couple lesbien. Il faudra attendre l’année 1991 pour qu’un premier ouvrage traite des couples gays. Bien que les données issues des études sur la population LGBT+ soient bien antérieures aux années 1980, ces travaux sont pionniers au delà même de la question des violences conjugales dans un cadre non hétéronormatifs, puisqu’ils s'émancipent d’une sociologie de la déviance, champs dans lequel s’inscrivait habituellement ces études.
L’objectif de ce bref article est de mettre en lumière quelques chiffres clés.
En moyenne 30% des LGBT+ déclarent avoir subi de la violence au sein du couple. Selon les études, ce pourcentage évolue à la hausse ou à la baisse car l'échantillonnage et la définition de violence diffère d’une étude à l’autre. En effet, on remarque que si l’étude intègre la violence psychologique dans la définition de violence le pourcentage monte à près de 70%. A l’inverse si l’étude intègre la violence sexuelle, le pourcentage peux baisser jusqu’a 13% de déclaration.
Bien que les chiffres fluctuent, ils démontrent l'existence du phénomène. Certaines études se sont intéressées à la prévalence du phénomène entre les couples de même sexe et les couples de sexes opposés. Toutes arrivent à la conclusion que nous sommes sur un taux de violence égal voir légèrement superieur pour les couples de même sexe comparé aux couples de sexes opposés. Par exemple, les études récentes relatives aux violences conjugales s'intéressent à la notion de violences coercitives (comportements de surveillance émotionnelle, financière ou psychologique, de domination, de dégradation, d'intimidation, de coercition ou de contrôle sans violence physique ou sexuelle.) Dans l’enquête de Whitfield effectuée en 2021, il est observé que le contrôle coercitif est plus répendu chez les couples de même sexe : 48,4 % chez les femmes lesbiennes, 45,2 % chez les hommes gays contre 40,5 % chez les femmes hétérosexuelles.
Ces études constatent également des conséquences plus impactantes chez les LGBT+. En 2017, Gerhing et Vaske, par comparaison aux couples hétérosexuels, observent une association statistique significative entre la violence conjugale et des niveaux élevés de symptômes de dépressions chez les LGBT+. Cet impact psychologique plus important peut s’expliquer par l’absence de soutien institutionnel, associatif et ou familial, en plus de l’application de la honte sociale subie entraînant un sentiment d’isolement pour la victime.
Enfin quelques études se sont interessées à des cas moins priorisés dans le cadre du couple hétérosexuel. L’étude de Siemieniuk réalisée en 2013 basée sur les données d’un centre de soin pour patients atteint du VIH, montre que 90% des patients ont été diagnostiqué positif à la violence conjugale. Ce qui entre en concordance avec la pré-enquête de notre recherche puisque près de 90% de nos enquêtés nous ont déclaré être séropositifs.
Afin de poursuivre notre étude, et d’objectiver le phénomène sur le territoire français, nous avons besoin de témoignages de victimes ou d’auteurs de violences. Ces récits sont primordiaux pour pouvoir adapter la prise en charge dans le cadre des couples non hétéronormatifs, et permettre de libérer la parole au sein de la communauté. Les entretiens sont menés dans un cadre sécurisé et qui garantit l’anonymat. Si toutefois l’exercice de l’entretien est trop difficile, les victimes ont toujours la possibilité d’utiliser #SignalementFLAG! (www.flagasso.com/app) afin de pouvoir effectuer un chiffrage du phénomène.
Pour consulter la revue complète : https://www.flagasso.com/violences-conjugales.html