samedi 23 avril 2022
Pour FLAG!, la lutte contre les LGBT+phobies ne se limite pas à la métropole. Il est nécessaire voire indispensable de prendre en compte les territoires ultramarins. Dans cet objectif et en partenariat avec les ministères de l’intérieur, de la justice et des outre-mer, Johan CAVIROT, président et Christopher DEPECKER, secrétaire adjoint de FLAG! se sont rendus en Guadeloupe (du 27 mars au 31 mars 2022), Martinique (31 mars au 6 avril 2022) et Guyane (6 avril au 9 avril 2022).
Ce déplacement avait pour objectif de participer à un Comité Opérationnel de lutte contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT+ (CORAH) sous la co-présidence du Préfet et du Procureur. Nous avions donc sollicité les préfets pour cela ainsi qu’un soutien logistique à l’organisation de deux sessions de formation par département à destination de nos collègues des ministères de l’intérieur, de la justice, des pompiers, des polices municipales et éventuellement les autres administrations de l’Etat intéressées.
Voici le bilan du déplacement pour chacun des départements.
Il s’est tenu le lundi 28 mars 2022 matin à la préfecture à Basse Terre
Les échanges ont été très intéressants avec la préfecture, les parquets de Point à Pitre et de Basse-Terre ainsi que les associations présentes.
Nos dispositifs #SignalementFLAG! et #EnLieuSûr ont pu être présentés. Ils ont reçu un très bon accueil.
Lors de ce CORAH, était abordée l’idée de concevoir un plan d’action en s’appuyant sur celui de la préfecture du Rhône, mais adapté aux besoins et spécificités locales.
En l’absence de suffisamment de candidats à cette formation il a été décidé de ne faire qu’une seule formation rassemblant tous les stagiaires.
Ce rapport est l’occasion de remercier les services de la préfecture pour leurs nombreuses relances auprès des services ainsi que pour l’organisation logistique de la formation.
Périmètre |
Nombre |
Police |
11 |
Gendarmerie |
4 |
Justice hors pénitentiaire |
1 |
Pénitentiaire |
0 |
Préfecture |
0 |
Police municipale |
0 |
Pompier |
0 |
Autres institutions |
1 |
Total |
17 |
Observations : Il a été refusé de former les cadets de la république. Nous regrettons cette décision car ils seront pour l’essentiel chargés de l'accueil et l'orientation des victimes vers les services de plainteet engagés sur des polices secours en primo intervenant.
La formation s’est très bien déroulée et a reçu un bon accueil.
Le format de 3h a été jugé trop court par la majorité des stagiaires.
L’officier de gendarmerie présent souhaiterait que l’on puisse dispenser cette formation à l’ensemble des militaires de la gendarmerie de l’île.
Côté police nationale, il est également demandé de pouvoir réorganiser de futurs sessions mais cette fois l’inscription sera rendue obligatoire pour un certain nombre d’effectifs.
Nous avons profité de ce déplacement pour proposer une rencontre avec les associations traitant de la thématique LGBT+.
Cette réunion a permis d’échanger plus en détail avec Amalgame Humanis et Aides. Ils ont trouvé un réel intérêt au déploiement de nos deux dispositifs sur l’île. Ils acceptent d’être nos relais localement.
Le local d’Amalgame Humanis devient le premier site #EnLieuSûr de la Guadeloupe.
La préfecture a refusé d’organiser un CORAH.
Il nous a été proposé à la place deux réunions en bilatérale :
Les formations se sont déroulées dans les locaux du Service Territorial du Recrutement et de la Formation (STRF) situé à l’hôtel de police du Lamentin.
L’occasion de remercier les équipes de la Direction Territoriale de la Police Nationale (DTPN) pour leur accueil au sein de leurs locaux.
Périmètre |
Nombre |
Police |
20 |
Gendarmerie |
7 |
Magistrature |
0 |
Pénitentiaire |
2 |
Préfecture |
2 |
Police municipale |
0 |
Pompier |
0 |
Autres institutions |
4 |
Total |
35 |
Les formations se sont très bien passées avec des échanges très pertinents.
Le référent égalité diversité de la gendarmerie a trouvé la formation trop courte et dense pour le temps imparti.
Des stagiaires pensaient maîtriser le sujet et pour autant ils ont reconnu avoir appris des notions. Il est effectivement important de souligner que la thématique LGBT+ est large avec des notions très nombreuses à maîtriser aussi bien dans la prise en compte du public externe que dans la pratique managériale au sein de nos institutions.
A leur demande, nous regarderons comment organiser d’autres sessions localement pour répondre à cette demande également exprimée sur ce territoire.
Nous avons rencontré l’association AIDES Martinique dans leur nouveau local afin de leur présenter le dispositif #SignalementFLAG! et de leur proposer de les référencer en fin de signalement en fonction de la typologie du signalement, un partenariat va donc être étudié en ce sens. Pour le dispositif #EnLieuSur, la convention est en attente de validation par le Conseil d’Administration de AIDES.
Nous avons rencontré à plusieurs reprises l’association Kap Caraïbes et ses bénévoles avec qui nous avons signé un partenariat pour nos deux dispositifs. Ils deviennent donc officiellement le premier site #EnLieuSur de Martinique. Ils vont aussi apporter main forte à FLAG! afin de déployer ce dispositif sur l’île ainsi que le #SignalementFLAG! afin de libérer la parole.
Cette commission créée sous l’égide du préfet le 15 décembre dernier et composée d’acteurs institutionnels, parmi lesquels sont représentées la police et la gendarmerie, des acteurs associatifs, des élus, des chercheurs et des influenceuces (à noter que seules les femmes s’engagent dans cette mobilisation).
Elle a pour objectif d'impulser et de rendre visible toute action qui concourt à la lutte contre ce phénomène. En particulier, des actions de repérage des victimes (à travers une harmonisation des signalements d'agissements haineux en ligne), de prise en charge et d'accompagnement de celles-ci (juridique, psychologique), de prévention et de sensibilisation (auprès des jeunes dans les établissements scolaires mais également des adultes à travers la diffusion de campagnes de communication sur les réseaux sociaux et le territoire) et de sanctions (signalements via PHAROS, contrôle des plateformes assignées à la représentation de l'ARCOM sur le territoire) sont conduites.
Les travaux de cette commission et son relais dans la population participent à la lutte contre toutes formes de discriminations et de violences, y compris celles dirigées à l'encontre des personnes LGBT.
Notre vol nous permettant d’assister, à un groupe de travail restreint, Mme la sous préfète nous a proposé d’être présent en complément des acteurs suivants :
Les échanges ont été très pertinents et ces commissions devraient être généralisées sur l’ensemble du territoire tellement ce sujet est présent et frappe en particulier les jeunes, particulièrement exposés mais non préparés à faire face à ce type de violence. Ils se retrouvent trop souvent isolés derrière leur écran à gérer comme ils peuvent sans oser demander de l’aide à un adulte.
Ce thème devrait être davantage porté par les services de police ou de gendarmerie.
La préfecture a refusé d’organiser un CORAH et n’a proposé aucune alternative.
Les associations, que nous avons pu rencontrer, regrettent que le CORAH ne se réunisse pas alors qu’il y a des vrais sujets existants à évoquer et sur lesquels il faut que l’ensemble des acteurs se mobilisent.
Nous remercions la préfecture pour la mise à disposition d’une salle de formation.
Périmètre |
Nombre |
Police |
14 |
Gendarmerie |
2 |
Magistrature |
0 |
Pénitentiaire |
5 |
Préfecture |
5 |
Police municipale |
1 |
Pompier |
0 |
Autres institutions |
3 |
Total |
30 |
Les échanges ont également été très riches sur ce département avec un réel questionnement pour les agents de la pénitentiaire sur la prise en compte des personnes transgenres en détention. Ils comprennent tout à fait la nécessité de prendre en compte les personnes dans leur identité mais ils se posent la question de leur sécurité en détention et la logistique en particulier au niveau des douches communes pour les personnes non opérées.
A défaut de CORAH, la préfecture nous a mis à disposition une salle de réunion avec visio afin de pouvoir réunir les associations traitant de la thématique LGBT+.
Les association présentes étaient :
Le Major DESROZIERS, officier de liaison LGBT+ au commissariat de Cayenne, était également présent. L’occasion pour lui de rappeler sa disponibilité et sa volonté de faciliter la prise en charge des victimes de LGBT+ sur le territoire de Guyane.
Ce fut l’occasion de présenter les deux dispositif #SignalementFLAG! et #EnLieuSur qui ont, là aussi, reçu un très bon accueil.
Nous avons également été reçus par le commissaire divisionnaire Philippe JOS afin de lui présenter les actions de notre association tant au sein des services que dans l’accompagnement des victimes externes dans les relations avec nos services.
Nous avons pu constater que la thématique LGBT+ était un sujet très sensible dans ces départements ultra-marins ce qui a limité le nombre d’inscrits pour ce premier déplacement malgré de nombreuses relances et l’intervention des directions depuis Paris.
Toutefois une fois la formation donnée, nos collègues ont compris toute la pertinence de celle-ci et ils sont preneurs de nouvelles sessions afin de pouvoir inscrire un plus grand nombre d’effectifs. Ceci est donc un gage de la qualité et de la nécessité de les réaliser. Hélas, le temps des formations (3h à 3h30) a été jugé trop court sur les 3 départements.
Pour rappel, nous n’avons que 2h en école de police et bien souvent qu'1h30 en école de gendarmerie pour faire pratiquement le même programme. Nous allons voir comment mobiliser notre délégué régional en Martinique afin qu’il puisse rapidement proposer de nouvelles dates sur les différents territoires.
Concernant les rencontres avec les associations, là aussi le déplacement a été fructueux car il nous a permis de nous connaître, d’échanger en direct, de leur présenter nos dispositifs afin qu’ils soient un plus dans leur connaissance locale des actes anti-LGBT+. Ils ont également beaucoup apprécié le fait que notre association nationale n’oublie pas ces territoires loin de la métropole mais qui ne doivent pas être oubliés pour autant.
Ce bilan est donc vraiment très positif et de telles actions doivent être reproduites à l’avenir.